Expérience,  Récits de course

Un rêve d’Ultra rêveur ! La RAF !

Je ne sais pas vraiment comment on peut qualifier une personne qui termine cette trace, une trace qui peut pour certains s’apparenter à un chemin de croix mais pour ma part je me sens comme un rêveur, un ultra rêveur qui vit sans barrière, sans frontières psychologiques vis à vis des défis sportifs. La RAF est une organisation pour ces gens là ! Peut-être également pour ceux qui souhaitent se prouver ou s’éprouver physiquement et mentalement. Je savais dans quel type d’aventure je me lançais mais je ne m’imaginais pas autant de souffrance…

Dans mon premier article vous avez pu lire mes motivations, dans celui ci vous aurez mon feed-back et j’espère qu’il vous inspirera à sortir de votre confort pour honorer les facultés d’être humain dont nous sommes dotés ! 

Le jour J à 21h30 : Nous quittons l’appartement Airbnb avec Flavie et William, mon regard croise le leur, je ne parle pas. Je commence à rentrer dans ma bulle, à lister chaque élément de mon vélo pour être certain de ne rien oublier. Je ne le sais pas encore mais j’ai bien trop de choses sur moi. Un des traits de caractère induit par notre vie du quotidien, nous nous entourons de plein de choses inutilement bien souvent par manque de confiance en nous. Je fais partie de ceux là à ce moment, je n’ai pas confiance car je pars dans l’inconnu.

Nous remontons la piste cyclable pour rejoindre le départ. Arrivé sur place, je ressens cette ambiance spéciale que nous n’avons pas connu depuis longtemps avec le COVID, un mélange de stress et d’excitation. Les novices côtoient les personnes qui ont déjà une RAF dans les jambes. Une expérience qui en plonge beaucoup dans une grande humilité face à ce parcours. Un parcours que je compare aux 12 travaux d’Hercule, dans le sens où je dois les prendre les uns après les autres. Il ne s’agit que de 25 balades de 100 km après tout ! 

La petite tension du départ !

22h03 : C’est mon heure, celui de la prise de conscience quand j’entends mon nom au micro ! Plusieurs émotions me passent en tête et je n’en écoute aucune, mon premier boulot est simple: « manger » 10 concurrents avant le premier col ! C’est étonnant mais j’ai besoin de me mettre en guerrier pour traverser cette première nuit sur le vélo. 

23h30 : J’arrive dans le premier village ayant une fontaine, je m’arrête je bois et je fais le plein pour surtout conserver un super taux d’hydratation de mon organisme. La relation avec le corps doit être fusionnelle tant que tout va bien… 

Je sais qu’après cette fontaine on s’enfonce sérieusement dans l’arrière pays des cigales. Je passe le col de Bleine et je me lance dans une deuxième petite ascension pour enfin entamer une longue descente des gorges du Verdon. C’est magnifique, la lune est pleine, les routes sont calmes et sinueuses. Je ne fais qu’un avec mon Trek dans ces routes. Le pilotage est un de mes grands plaisirs et là, de nuit, dans ces virages ouverts, tout est permis ! 

Ma grande crainte reste les animaux car ça peut être fatal mais je crois en ma bonne étoile. Je protège au quotidien les animaux et je pense que cela devient réciproque lorsque je me retrouve à découvert dans leur élément. C’est peut-être naïf comme point de vue mais pour le moment ça fonctionne ! 

Je remonte les participants les uns après les autres avec un petit mot d’encouragement sans trop sortir de ma bulle. 

Il faut une bonne concentration pour gérer tous les paramètres entre la route, le parcours, l’hydratation, l’alimentation… 

Les kilomètres passent et là, j’arrive au-dessus du lac de Ste Croix où la lune reflète toute sa splendeur et crée une atmosphère spéciale. Un spectacle privé pour nous, comme si il fallait passer la nuit dehors pour le contempler. Aucune billetterie, simplement comprendre que le prix à payer est de sortir du cadre. 

Il est 4h00, je commence à voir certains cyclistes se coucher sur le bord de la route en toute simplicité. La simplicité retrouvée, pourrions-nous dire, dans le sens où pour se coucher nous n’avons pas besoin d’un confort extrême, simplement l’envie de dormir initiée par une vraie fatigue, une fatigue physique saine bien différente des fatigues que nous pouvons connaître dans notre quotidien. 

A ce moment-là, j’envie ces personnes dotées de ce lâcher prise que je ne maîtrise pas encore. Mais je suis là pour ça: apprendre dans le grand bain !

7H00 : Le jour se lève, j’approche les 200 km et 3500 mètres de dénivelé positif et il est l’heure de manger ! Jusqu’ alors j’ai mangé ce que j’avais sur moi, quelques barres, un energy diet et quelques sticks Power pour garder les yeux ouverts !

Maintenant j’ai un seul objectif en tête: le Ventoux ! Le géant de Provence m’attend, c’est une première étape psychologique car après la descente par Malaucène, j’entrerai quelques kilomètres plus loin dans la montagne.

Il fait chaud, très chaud, trop chaud et le vent est légèrement de dos. Cela rend l’atmosphère très sèche et je bois des litres et des litres d’eau… C’est une de mes batailles, conserver une très bonne hydratation car c’est une des clés de la performance. Avant d’attaquer le Mont Ventoux nous avons une base vie à notre disposition, c’est le Bed and Bike de Bédoin, la fameuse commune où débute la bosse !

Arrivé à cet oasis dans ce désert, les bénévoles nous proposent un bout de pastèque. Quel « kiff » quand on est fatigué! Tous les petits plaisirs se décuplent en très gros plaisir ! Je prends le temps de manger, je ne le sais pas encore mais je suis trop lent dans mes arrêts et je perds du temps précieux, mon esprit de compétiteur n’est pas au point…

Après une bonne assiette de riz, je reprends la route le ventre plein mais très fatigué. Les premiers pourcentages du Ventoux sont un calvaire… J’ai chaud, beaucoup de voiture me doublent, j’entends les gens rigoler, prendre du plaisir et moi je suis là à côté d’eux, un monde nous sépare ! Je ne leur en veux pas mais j’aimerais simplement qu’ils fassent attention à moi en me dépassant… Je n’ai pas peur et de toute façon je renonce à la peur mais quand on me dépasse salement, beaucoup de violence me traverse l’esprit, je n’aime pas cette partie de ma personnalité mais une fois de plus la fatigue la fait ressortir et je la canalise…

Les bornes kilométriques qui jalonnent le parcours m’indiquent que les kilomètres ne passent pas vite mais ils passent… Il me faudra 1H35 pour gravir le géant pour arriver en haut en miettes ! Les bénévoles m’accueillent pour remplir mes bidons d’eau. Je repars dans la descente vers Malaucène. Une descente venteuse dans laquelle je m’endors sur mon vélo ! C’est pas la plus belle descente pour faire la sieste ! Alors je décide de m’arrêter dormir 10 mn dans le fossé.

10 mn plus tard, quelle bouffée d’oxygène ! Je suis mieux et j’ai faim ! Je me souviens d’une Biocoop à la sortie de Vaison La Romaine et c’est mon nouvel objectif ! Arrivé dans ce magasin je fais le plein de bonnes choses, je mange à l’abri des rayons du soleil et je vois des compétiteurs me dépasser… Je suis émotionnellement parlant éteint… Je n’ai qu’une seule obsession maintenant, c’est de rallier St Jean de Royans et de dormir !

À la tombée de la nuit, la température est moins élevée et je revis ! Nous passons dans une longue position plate vers le Col de Rousset qui signera l’entrée dans la montagne. Au pied du col, je rencontre Guillaume avec qui je partage la montée. Les jambes sont bonnes et je vais bien, comme quoi ! En ultra il ne faut jamais tirer de conclusion trop vite.

Après le col du Rousset, le col de la Chau, il est là lui et il est long, très long, il fait nuit noire, froid et il y a du brouillard, je décide d’accélérer et de filer dans le descente pour arriver le plus vite possible à la base vie ! Je prends du plaisir dans la descente, je touche très peu les freins et je m’imagine déjà dormir !

En arrivant à la base vie je mange un peu, j’organise le chargement de mes appareils, je me douche et je vais au lit pour 3 heures de dodo ! Un vrai premier dodo après 25 heures de vélo ! 550 kilomètres sont avalés !

Jour 2 – 4H00 : C’est l’heure, l’heure d’attaquer la montagne. Une grosse journée m’attend mais je me sens bien, je suis à ma place. Je suis calme, fort et je vis le lever du soleil avec beaucoup de gratitude. Ce mot un peu à la mode qui veut dire beaucoup de choses mais qui résonne parfaitement en moi à ce moment là. Je suis surtout content d’avoir en moi cette énergie qui me permet de vivre des expériences hors du commun.

Les heures, les minutes et les secondes passent. Les cols s’enchainent et mon corps accepte le défi, je prends un bon rythme et je maintiens environ 235 watts dans les cols. C’est légèrement au-dessus de mon endurance fondamentale mais avec le poids des sacoches et de l’eau, j’ai un vélo d’approximativement 16 à 17 kilos. Donc pour garder un rythme de course il me faut monter à cette intensité. Par ailleurs mon développement est de 34/50 et 11/30, donc c’est très bien pour une cyclo de montagne mais pour de l’ultra endurance c’est un peu juste.

Lors de cette deuxième journée nous avons enchainé de très belles routes avec l’Alpes d’Huez, le col de Sarenne, le Lautaret, Le Galibier pour terminer la journée par le plus haut, le col de l’Iseran. Il y en a eu d’autres petits entre deux mais je ne me souviens pas de tout… L’Iseran est un sacré souvenir, je l’ai gravi à la tombée de la nuit pour terminer à 3°C au col à 2790 m. De belles éclaires laissaient apparaitre les sommets environnants. La sensation est exceptionnelle, je me sens dans mon élément. J’ai toujours aimé lire les livres de Mike Horn qui parle de cette sensation d’humilité face à la nature, je la ressens. Cette humilité est mélangée à un sentiment de force incroyable qui me rend sensible mais indestructible. Comme la sensation de me maitriser sans maitriser les éléments. Le juste équilibre, mon âme d’aventurier est comblée…

Instant de partage !

Vient ensuite le temps des 37 kilomètres de descente vers Bourg St Maurice et ses tunnels. Je passerai la nuit dans ce village, dans un lit chez Valérie avec mon compère du jour : Hugues !

Jour 3 – 4H30 : Après 3 heures de sommeil réparateur, direction le Cormet de Roseland, 19 kilomètres d’ascension pour prendre le petit déjeuner avec un super sandwich garni de fromage Abondance! Enfin deux car le premier était trop bon ! Sandwichs achetés au célèbre vendeur ambulant du Cormet, encore merci Monsieur ! J’entame la descente vers Beaufort pour enchainer vers le col des Saisies et la descente vers Combloux, où j’ai mangé un bout avec Ludo et son pote ! J’ai notamment englouti une merveilleuse tarte au citron meringué !

Le retour à la civilisation est direct en arrivant dans Sallanches. La longue ligne droite entre Sallanches et Cluses est un avant goût de la Sarthe ! Cluses c’est aussi la Colombière, célèbre col du Tour de France. J’y ai partagé quelques kilomètres avec Manu, on s’est même tiré la bourre dans les 3 derniers kilomètres ! Je voulais sortir des Alpes et dans me tête c’était le symbole ! La descente vers Annecy était un pur bonheur. J’attendais avec impatience de boire ma bouteille de jus de betterave !

Arriver à 14H30 au camp de base n’est pas forcément l’idéal mais j’en profite pour faire un check-up complet ! Lavage des affaires, manger, boire, recharger les batteries du bonhomme et des accessoires. A ce moment-là, je ne le sais pas encore mais je vais faire un très beau tronçon.

Je repars seul avec un objectif en tête: dormir au-dessus de Lyon à plus de 1250 kilomètres pour signer la moitié de cette RAF et ensuite traverser la France le plus vite possible. Je suis à fond, je monte très bien le col du Chat mais mes tendons d’Achille commencent à tirer !
J’occulte la douleur, ce n’est qu’une information qui vient parasiter ma performance. Pas de place pour ces émotions négatives. Je bloque mes chevilles et j’avance !

Juste avant la tombée de la nuit, j’aperçois au loin deux feux rouges, des concurrents, il s’agit de Hugues et Alex ! Je me joins à eux et nous partageons quelques bornes jusqu’à trouver un pizzeria à 23 heures !

J’engloutis cette pizza pour repartir sur 4 heures de vélo avant de dormir. Il y a quelques lignes, je vous parlais de ma relation avec les animaux sur la route: vers 1 heure du matin, un renard est passé 1 mètre devant ma roue alors que j’étais posé sur les prolongateurs… Autant vous dire franchement que je l’ai juste regardé passer et je n’ai pas bougé un petit doigt de ma position. Mais nous étions comme chacun à notre place sans que l’un de dérange l’autre.

En cherchant un emplacement pour dormir avec Alex, nous avons vu un parvis d’église, un lieu couvert qui nous permet de nous installer. C’est de la pierre au sol et ce n’est pas chaud le granite en guise de matelas ! Mais pour deux heures de sommeil ça ira bien ! Je détiens enfin le lâcher prise suffisant pour me blottir dans ma couverture de survie, de fermer le yeux et dormir…

Jour 4 – 4H30 : Je me réveille avec le bassin congelé. Quelques minutes plus tard, je suis de nouveau le cul sur la selle. Je redémarre doucement pour me réchauffer et après 1H30 de vélo, c’est l’heure du « café croissants » à Charolles ! J’aime beaucoup les toboggans en dessous de Mâcon. Ce paysage ressemble beaucoup à la Suisse Normande et mes muscles aiment cet effort. La moyenne est folle, je roule à plus de 31 km/h sur ces routes vallonées.

Lors de la pause café, je mange 4 croissants et 3 pralines (spécialités locales dont je me délecte), accompagnés de deux cafés allongés. Tout ça en parlant avec le propriétaire du bar qui est super sympa ! C’est très agréable, j’aime ces relations humaines le long du parcours.

Ensuite, en remontant sur mon vélo, je me mets en tête de rejoindre Blois pour la nuit et là je borne dans ces longues lignes droites de plus de 20 kilomètres. Le paysage est plat, c’est long et ça n’avance pas… Je dois commencer à travailler avec la visualisation pour déconnecter mon cerveau. C’est incroyable, je suis là sur mon vélo mais je ne suis pas là ! Je marche au « radar ». Mon énergie est concentrée uniquement sur ma survie et sur le fait d’appuyer sur les pédales pour encore et toujours avancer.

J’en oublie même Willy qui voulait partager quelques kilomètres avec moi. Par chance, nous nous retrouvons et nous partageons ces kilomètres. Parler avec lui permet de faire passer les kilomètres avant d’aller manger une grosse pizza pour avoir la force de rejoindre mon hôtel à Blois.

Avant ça, je visite la forêt de Chambord où je croise beaucoup de sangliers mais je commence aussi à avoir des hallucinations… Je crois voir des gens courir vers moi avec des lumières… Je crie seul dans la foret pour les éloigner avant de me rendre compte que ce ne sont que des panneaux de signalisation ! La pluie s’invite avant de rejoindre l’hôtel. Comme un défi supplémentaire, un message pour tester mes limites. Mais je l’accepte simplement et même avec plaisir, je me pense à ce moment plus fort que le défi qui se présente à moi.

Arrivé à l’hôtel vers 23H45, le même rituel se met en place. Et 30 mn plus tard je ferme les yeux… 4H30, le réveil sonne, je voulais faire une bonne nuit pour mon entrée en Normandie et je sais que j’aurai le vent de face jusqu’au Mont St Michel mais après il sera dans mon dos !

Jour 5 – 5H30 : Dès les premiers kilomètres, j’enclenche le mode guerrier. J’échange quelques mots avec Régis que je rencontre dans Blois puis après 1 heure de roulage, tout se met en place. Je me pose sur les prolongateurs et je mange les kilomètres jusqu’à midi soit 6 heures sans poser le pied à terre. Et encore cet arrêt est rapide et je m’achète 5 croissants et une quiche que je mets sous mon maillot pour manger sur le vélo ! Un kilomètre de fait est un de moins à faire…

Fougères, la Bretagne est là. Pour fêter ça, je m’arrête dans une boulangerie pour 3 nouveaux croissants et un gros muffin au chocolat ! Du gras ! Je prends un Energy Power toutes les deux heures environ, 4 Energy Diet à l’eau par jour dans mes gourdes. Bref, je mange énormément et tout passe nickel ! J’aperçois le Mont St Michel, je laisse entrer un peu d’émotion en moi car j’ai beaucoup de souvenirs ici. Mais je me contiens car les émotions ne sont pas toujours très simples à gérer avec la fatigue, on peut vite se retrouver à pleurer. Au Mont, je fais une photo, je prends quelques grandes inspirations pour faire une sorte de « reset » dans le but d’aller dormir sur la côte à côté de Caen.

À 1H00 du matin je divague. Il est temps de dormir, j’aperçois un tas de cartons de déménagement et je me fabrique un matelas de luxe ! Tellement de luxe que j’en oublie mon réveil et je dors deux heures de plus que prévu ! Ce sont les oiseaux et leurs chants qui me réveillent… Quel bonheur en dehors du fait que je suis sur une course et que les autres participants avancent vers l’arrivée !

Jour 6 – 5H30 : Je rentre enfin dans les 330 derniers kilomètres, je me mets dans la tête qu’il me faut 12 heures pour avaler cette fin de parcours. Une fois de plus, je mets le mode guerrier et j’appuie sur les pédales sans état d’âme ! Je roule comme sur une cyclo, il n’y a plus de stop, plus de feux rouges, il n’y a plus que mon objectif ! Ce n’est pas des plus sérieux mais, vous savez, je n’étais plus suffisamment conscient pour prendre des décisions rationnelles… Je cherche les yeux des automobilistes et je communique avec eux simplement en pensant que je suis comme dans la chaine alimentaire, c’est à dire le plus faible ! J’aperçois Benoit et je m’arrête quelques minutes avec Flavie qui est venue me soutenir. Je fais un stop pour engloutir quelques croissants et pains au chocolat à Cabourg. Benoit partage avec moi quelques kilomètres et je trace ensuite en direction du Pont !

Le passage du Pont de Normandie est très révélateur de cette sensation, évoquée juste avant. Entre la Seine et les camions, nous ne sommes pas grand chose, comme pas vraiment à notre place, mais nous sommes là quand même avec un but simple et commun : Traverser ! Je vois ensuite Franky à Bolbec, avec qui je partage quelques kilomètres, je roule sur mes vielles routes d’entrainement et je fais encore preuve d’une force incroyable et c’est très galvanisant. Je vois également le top 10 qui se confirme. Mon expérience de compétiteur me permet de garder la tête froide face à la situation en confirmant mes sensations et en faisant le moins d’erreurs stratégiques possible. Je me bats psychologiquement depuis plus de 200 kilomètres avec un certain Florent. Je ne l’ai jamais vu, il est devant moi mais il est parti 45 minutes avant moi à Mandelieu, je suis donc techniquement devant lui mais dans la vraie vie c’est lui qui est devant. Je scrute les temps, les écarts et il ne lâche rien ! C’est un mano à mano face au vent, les derniers kilomètres sont longs et nous tournons autour de l’objectif : Le Touquet !

Mon cerveau commence à me lâcher, je pense qu’il a le poids de l’effort sur les épaules ! En voyant le dernier kilomètre je pensais entrer dans une forme d’euphorie mais non. Rien. Calme plat… Je suis simplement content et heureux, fier de moi et du chemin parcouru.

J’aperçois une deuxième fois la Manche après être parti de la Méditerranée. La France est traversée en long et en large ! Je suis FINISHER de cette aventure hors normes qui a mis mon esprit et mon corps à l’épreuve…


Les chiffres !

Je ne vais pas tout vous écrire mais vous pouvez écouter ma vidéo en dessous, j’y fais un débriefing à chaud !

Merci à toutes les personnes qui ont rendu ce défi possible et bien évidemment un grand bravo à ma « Chouchoute » qui termine avec mon frère William la version 330 kilomètres de la RAF !

Une première aventure que j’ai adoré et j’ai enfin l’impression d’être devenu un aventurier ! Un rêveur qui rêve d’ultra d’où le tire de ce récit de course, être un ultra rêveur est un aboutissement. C’est le résultat de centaines d’heures d’entraînement et le début d’un nouveau rêve, celui de faire la RAAM !

Enjoy,

Sportivement, Victorien !