L’objectif n° 1 de la saison, « Check »!
Après m’être aligné sur l’épreuve des 80km du Mont Blanc en 2014, l’édition 2015 m’attirait. N’étant pas retenu lors du tirage au sort, une opportunité inespérée s’est offerte à moi.J’ai vu ce jeu concours sur la page de St Yorre pour gagner un dossard, je me suis empressé de jouer à ce jeu concours, avec un seul objectif, le gagner! C’est grâce à vous, qui avez voté pour moi. Il y a eu un tel engouement au niveau des votes, c’était génial, encore merci. Mon objectif numéro un de la saison était donc défini, gagner deux heures sur ce parcours de folie…
Mercredi 24 juin, départ de Rouen à 4H00 du matin, j’en profite de partir tôt pour passer Paris avant les traditionnels bouchons. Je récupère quelques covoiturages le long du parcours et je finis par arriver à Chamonix vers 13H00. J’ai dû partir seul sur Chamonix car Flavie ne pouvait pas laisser sa classe, je suis triste car c’est tellement plus intéressant de partager de telles émotions… Petite journée de calme, visite des Biocoop de la région afin de trouver de quoi me faire du bon carburant! Niveau logement je suis au top du top, Elise une amie de saison m’a prêté son appartement, situé à 800 mètres de la Place du triangle de l’amitié. Pour finir la journée, direction les terrasses pour boire un « Perrier tranche » avec mes amis de Chamonix, mais aussi l’occasion de faire un point avec mon assistance, Elise et Rachel.
Jeudi 25 juin, les objectifs de la journée sont clairs mais le principal est de prendre des forces! Après un petit déjeuner relativement léger, direction les hauteurs de Chamonix afin de faire une petite balade de contrôle. A mon retour, je fais le plein de force, avec des fruits secs notamment, et je grignote, chose agréable que je n’ai pas l’habitude de faire! Retrait du dossard et vérification du matériel sur le salon du Running sans oublier de passer voir Compex où Arnaud et Pascal tiennent un magnifique stand. Puis passage chez ActiV Patch 4U. Depuis que j’ai découvert les bienfaits de ces patchs, je ne me prive jamais de l’expérience de ces kinésithérapeutes pour m’en placer quelques uns qui diminuent mes inconforts et rééquilibrent mon corps. Je vous les conseille vraiment. Sans oublier Maxime, sur le stand Coeur d’As Running, avec lequel j’ai noué des liens d’amitié depuis le petit pari de faire la CCC avec leur lacet silicone sans même les connaitre, encore merci Maxime! Pour finir cette superbe journée ensoleillée, direction la cryothérapie naturelle!
Vendredi 26 Juin 2H00, il est l’heure de faire le plein d’énergie. Au menu ce matin, c’est pancake beurre de cacahuète et banane avec un thé gingembre citron! Un repas pas très copieux afin de digérer rapidement. Je n’ai pas pu réaliser mon fidèle gâteau sport car pas de four sous la main. Ensuite, je devais préparer le sac pour Elise et Rachel afin qu’elles aient tout ce dont j’allais avoir besoin aux différents ravitaillements du parcours. Sans oublier de prendre soin de ma cicatrice car elle n’est toujours pas bien cicatrisée et le soleil est son pire ennemi. Vient ensuite l’heure de se rendre sur la ligne de départ en petite foulée afin de réveiller le corps sans en faire trop.
- 4H00, sur la ligne de départ juste derrière le sas élite, ce n’est pas encore pour cette année mais cela viendra… Aucune tension particulière mais une grande détermination m’envahit, je sais au fond de moi que je vais terminer cette course, il faut juste prendre le temps de bien faire les choses, j’ai beaucoup appris sur la CCC et le début d’année m’a confirmé le fait que seules la régularité et la rigueur payent sur les ultras. Certains vous diront que le plaisir est essentiel, oui mais il ne dure pas bien longtemps si les autres paramètres ne sont pas gérés d’une main de fer. Je suis confiant et selon mon plan de route je dois pointer à 5H30 au sommet du Brevent pour réaliser mon objectif de 14H00.
- 5H35, je pointe au Brévent avec 5 petites minutes de retard dû à de petits embouteillages dans les singles, rien de bien méchant, je suis monté sans forcer, car il faut arriver frais au col de la Terrasse. Je suis monté avec le groupe élite en ligne de mire et notamment Christophe le Saux que j’ai pu reconnaître de loin avec sa tenue jaune! Je range mes bâtons et j’entame le descente vers la Flégère. Ce n’est vraiment pas simple de passer des trails normands avec de petites descentes sans vraiment de technique aux descentes pleines de pierres. Je descends légèrement sur la retenue afin de ne pas me blesser car la route est encore longue…Une petite Cliff Barre dans le ventre et en avant les histoires! J’ai quand même pris une minute pour admirer le Mont Blanc au lever d’une journée qui s’annonçait vraiment exceptionnelle.
- 6H21, passage à la Flègère après une descente faite doucement. Ravitaillement express car le prochain n’est pas loin, pas besoin de perdre de temps et je ne mange jamais la nourriture des ravitaillements. Je remplis mes deux flasques et direction Têtes aux vents. Le profil est technique et légèrement montant, je me suis obligé à courir dès que possible et à relancer après les bosses. Le terrain est tellement technique qu’il ne permet pas vraiment de regarder le paysage, mais le lever du jour sur la vallée de Chamonix est splendide…
- 6H52, Têtes aux vents, je sais maintenant exactement la longue descente qui m’attend en direction du col des Montets. Une descente de 900 m de dénivelé négatif pleine de rochers où la course à pied rime avec équilibre! Je perds d’ailleurs quelques places dans ces passages techniques, la photo ci-dessous de Salomon résume bien mon étonnement en voyant passer la fusée Dong Li! Mais peu importe, la balade est encore longue, « Step by Step »… Le soleil commence à taper et je dois couvrir ma cicatrice avec mon Buff ce qui me cache un peu la vue, mais la dermatologue a été claire à propos de l’exposition au soleil…
- A ce moment de la course, mes sensations sont très bonnes, je ne sens aucune fatigue, pas de douleurs au ventre, bref le pied!
- 7H39, arrivé au Buet avec 6 mn d’avance, c’est parfait! Arriver en avance au ravitaillement me laisse le temps de bien faire le plein de mon sac. Rachel et Elise s’occupent de remplir mes flasques pendant que je pose mes manchettes et que je me remette un peu de crème solaire! Maintenant direction la plus belle patate de la journée, 1400 mètres de dénivelé positif à manger. Je repars doucement et en mangeant du ravitaillement pendant environ 5 mn. Un mètre de fait est un mètre de moins à faire donc je reste le moins possible sur place. Une barre Aminov dans le ventre, quelques boules de soja tout en m’hydratant et je me remets à trottiner. Les 3 premiers kilomètres de l’ascension sont très doux avec des singles dans les bois très sympas et surtout au frais car la température monte vite… Une fois sortie de la forêt vers 1800 mètres d’altitude, les sensations sont bonnes et je décide de pousser sur les bâtons jusqu’au col. Cette petite accélération me permet de reprendre 7 places en passant le col de la terrasse. Le passage final est vraiment technique et demande d’être frais pour ne pas perdre de temps. La sécurité était d’ailleurs assurée par plusieurs guides.
- 9H27, passage dans la neige pour la descente vers le lac d’Emosson, toujours agréable de mettre les pieds en ski pour descendre ces névés! Quelques mètres de glissade les pieds au frais! Une fois de plus je perds deux places à la descente, c’est vraiment un point que je dois approfondir pour la TDS. Mais je reste concentré dans ma descente vers le Lac.
- 10H16, l’arrivée à ce ravitaillement sonne presque la mi-course. Le soleil cogne vraiment fort, je me suis d’ailleurs rendu compte quelques minutes avant que je saignais du nez, est-ce dû à la chaleur? Au fait de me moucher trop fort? Je ne sais pas, mais en tout cas, il est temps de sortir la casquette Teka! Les filles sont toujours là au RDV, c’est le top, en mode arrêt aux stands F1, je ne reste pas plus de 2 mn le temps de recharger le sac. Maintenant direction le village de Chatelard, une fois de plus je perds quelques place en descente. Néanmoins je m’applique à descendre de façon régulière et sûre.
- 11H02, premier contrôle de sac, tout était prévu je sais qu’il ne faut pas perdre de temps sur ces points là. Je sors donc rapidement l’ensemble du matériel obligatoire et je reprends ma course. Montée vers le col des Posettes, je sais que j’ai encore du jus et c’est l’avant dernière patate, je décide de monter à un bon train afin de distancer les quelques coureurs qui me reprennent à chaque fois dans les descentes. Dans les 200 derniers mètres avant le ravitaillement des Jeurs j’aperçois Christophe le Saux. Je suis vraiment content, mon impression de monter bien n’est pas qu’une impression! Je fais le plein de mes flasques, j’avale un verre de St Yorre pour la recharge en minéraux et je pars en chasse! Objectif: me mettre derrière Christophe et le suivre le plus longtemps possible. Dans ces moments-là, on se sent fort mais il ne faut pas non plus en faire trop, c’est le piège! Je rattrape le « Jaguar » après un bon kilomètre dans le pentu. Nous commençons à discuter, moment vraiment agréable, c’est toujours impressionnant de se retrouver avec un des leaders mondiaux de l’Ultra trail. Nous discutons pendant un bon moment, on rattrape un anglais à quelques mètres du col puis la descente commence. Christophe se met directement à courir, mais pour moi c’est un peu plus compliqué. Je decide de me mettre une petite barre dans le ventre et de le suivre coûte que coûte au moins jusqu’au prochain ravitaillement. Je me fais distancer dans le dernier kilomètre de descente quand même, les faiblesses de ma technique m’handicapent vraiment pour suivre les meilleurs.
- 13H30, je me présente au ravitaillement du Tour. Je vois Christophe qui repart en petites foulées et je comprends à ce moment-là que ça sera impossible de le revoir. Je retrouve Elise pour l’avant dernier ravitaillement, changement des flaques de gel et Hop! Dans la descente, enfin le faux plat vers les Bois, rencontre Yoann avec qui je sympathise rapidement. Je ne le savais pas encore à ce moment là mais on partait pour une belle fin de balade tous les deux. On discute de tout et de rien mais un point commun nous rapproche, il est pompier professionnel en région parisienne. Le temps passe plus vite à deux et on s’encourage dans les petits moments de moins bien. La chaleur est vraiment écrasante à ce moment de la course, mais on continue et on court, pas de marche sur le plat. J’ai rapidement calculé et je pense pouvoir rentrer dans les 14H00, mon objectif!
- 14H46, après un arrêt de 4 mn au ravitaillement des Bois il faut maintenant repartir, comme à mon habitude je mange en marchant. Je repars avec Yoann qui m’a attendu un instant, vraiment sympa! Une fois le ravitaillement englouti -et oui il commence à faire faim!- on se remet en route et direction le Montenvert. Je me souviens de cette ascension, beaucoup de cailloux et de technique, donc il faut de la patience et de l’agilité pour se faufiler entre les rochers, mais cela est plus compliqué avec les muscles légèrement raides! Yoann prend les devant au début de la montée puis je le seconde en imprimant un rythme plus soutenu et je l’entraîne dans ma quête du 14H00. En arrivant sur la terrasse du Montenvers, quelle surprise de voir toute l’équipe d’Oxygène Belbeuf ainsi que Rachel! Cela m’a regonflé le mental! Vraiment appréciable d’entendre son nom loin de chez soi!
- Dernier ravitaillement complet, la traversée vers le Signal n’est pas une mince affaire, j’explique rapidement à Yoann et en avant! On aperçoit un coureur à 300 mètres, je crois reconnaître François Faivre. La chasse est ouverte, objectif le reprendre et le passer en courant pour ne pas qu’il nous suive avant d’arriver au Signal.
- 17H06, le Signal, je booste Yoann pour reprendre rapidement notre route. Il nous reste environ 45 minutes pour passer la ligne d’arrivée… La descente fût longue et les cuisses piquaient légèrement mais peu importe, la fatigue était elle aussi palpable. Plusieurs fois je n’ai pas levé les pieds assez haut et je jouais au foot avec les pierres! Pendant toute la descente, on aperçoit Chamonix. C’est vraiment motivant de savoir que la fin est là, juste sous notre nez. Une place gagnée, nous reprenons un concurrent dans la descente. J’aperçois le bitume, je regarde ma montre, il nous reste 5 minutes pour rallier l’arrivée et profiter de la traversée des rues de Chamonix et de son ambiance légendaire à la fin de chaque Ultra! Je souhaite à tout coureur de ressentir ça un jour, c’est mythique et ça déclenche des frissons, plus aucune douleur ne subsiste, Yoann et moi volons jusqu’à cette ligne d’arrivée.
- 18H02, c’est fait! C’est fini! L’objectif est atteint et le fait de le partager avec Yoann est encore plus satisfaisant. Je retrouve ma sœur Bérénice, Clément, Rachel, Aurélien et Elise derrière la ligne d’arrivée, quel bonheur. Je m’empresse de prendre mon téléphone pour appeler Flavie qui est restée à Rouen. Il faut partager rapidement toutes ces émotions qui nous submerge à la fin d’une journée comme celle-ci.
Un très grand merci à Rachel et Elise sans lesquelles il aurait été compliqué de gérer ma course. Essayer de faire la course c’est plus simple quand la logistique est au point. J’ai pris énormément de plaisir sur cette course, l’ultra me convient mieux que les petites distances, j’en suis maintenant convaincu. J’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire mon récit de ce 80 km que moi à l’arpenter. J’avais décidé de ne surtout pas baisser les bras au moment de ma chute de vélo trois semaines avant jour pour jour, les médecins n’y croyaient pas mais je savais que mon corps pouvait faire le travail, il faut y croire et ne jamais abandonner…
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