Récits de course

RadicaTrail – Le clou s’enfonce!

Enfoncer le clou, assez vite pour progresser mais il ne faut pas taper trop fort au risque de le tordre! C’est exactement ce qui s’est passé sur le Radicatrail 2018.

Une semaine après les 101 km de l’UTDR, j’ai enchainé avec un petit tour dans les Volcans chez Loïc. Pas de grosses sorties mais un enchainement de sorties d’une heure avec 500 m de D+ à chaque fois. Mon idée était de conserver cette dose de « stress » pour continuer à progresser. S’exposer, s’adapter et se construire.

Le Radicatrail, c’est la course aux pieds de la porte, le samedi c’était l’occasion de faire ma séance en allant voir les copains courir! Depuis quelques semaines, j’expérimente la confection de mes Nutri-balls! Je trouve ça intéressant de concevoir son alimentation en course. Les problèmes gastriques sont trop fréquents dans le sport, personne ne sait vraiment quoi manger, du coup beaucoup changent d’une épreuve à une autre sans grande conviction et se retrouvent dans des situations délicates ou abandonnent car ils ne peuvent plus boire ou s’alimenter.

Je n’ai pas de plan particulier mais je suis mon état de forme avec la RMSSD, ça me permet d’éviter au mieux la grosse fatigue! Dimanche matin, j’étais bien, pas de fatigue physiologique donc les feux sont au vert pour « se faire couiner le museau »! Après il y a de la différence entre l’envie et les faits!

6H00, l’heure du réveil sonne, une douche froide pour se réveiller, un bon thé, un Energy Diet café mixé avec une banane bien mûre pour une digestion optimale et en route! Direction Tancarville le Haut pour le départ.

8H00, je vois les copains et cette ambiance m’a manqué l’an dernier! J’aime discuter avec ceux que je croise. L’atmosphère est partagée entre angoisse et excitation. Je pars pour 15 minutes de footing pour réveiller mon organisme, quelques exercices de proprioceptions et en avant sur la ligne!

8H30, le départ va être donné, la musique est forte et motivante. J’échange quelques mots avec Yann et le départ est donné! Une fusée prend les devants et je ne comprends pas vraiment son engouement à partir si vite. Je ne me pose pas de questions et je suis avec quelques mètres de retard. 

Un groupe de 4 se dessine rapidement à une allure vive! Sylvain, Yann, Laurent et moi. En chasse patate, je vois aussi quelques personnes, j’imagine que Pierre fait partie de cela. Chacun relance à son tour, je vois du 4’00 » à 3’50 » au kilomètre, combien de temps vais-je tenir! Je souffre à ces allures mais je suis venu chercher ça, alors je vis la situation et je m’adapte!

Vivement les singles! Malheureusement nous tardons à voir ces chemins. De grandes lignes droites en fond de vallée ne font pas tomber l’allure. Laurent prend les devants, nous ne le connaissons pas mais nous sommes tous d’accord pour dire qu’il nous fait forte impression! Comme à mon habitude, je ne fais pas de plan sur la comète et je vis le moment à l’instant présent. A chaque kilomètre qui passe, je me satisfais de tenir le rythme et j’espère les singles pour récupérer. Nous passons l’Abbaye de Gruchet le Valasse, une tape dans la main de Flavie et je reprends ma place dans le groupe de trois.

Sylvain prend les devants dans un long faux plat descendant, je serre les dents et je me mets dans la roue! Je reconnais beaucoup de passages, c’est ma deuxième participation à une course du Radicatrail, le 114 il y a 3 ans et aujourd’hui le 60. Je suis nostalgique. A l’instant présent, nous souffrons. Mais après quelques années, cela nous met en émotion.

« Je pioche! » J’emprunte cette expression pour décrire la situation, je tape dans mes réserves et je m’expose à exploser! Peu importe, je suis là pour ça. Laurent reprend les devants, je ne vois plus Sylvain et je me concentre sur mes sensations. Plus longtemps je tiens Laurent, plus ma « séance » sera qualitative!

Au kilometre 34, je remplis une seule flasque, c’est vraiment l’erreur de la journée, trop pressé de repartir… Quelques minutes avant, Laurent me rattrape car j’ai loupé un balisage. Il m’appelle en me remettant sur le droit chemin. J’attaque avec quelques mètres d’avance la bosse d’Edouard! The WALL! En hiver, il faut les piolets et crampons pour grimper là!

On passe le Marathon en 3H20 avec 1100 m de D+ pour vous situer un peu l’allure que Laurent impose! Encore 8 km avant le prochain ravitaillement, je n’ai presque plus à boire, je paye mon impatience. Je décide de prendre cet exercice en buvant une mini gorgée tous les kilomètres. Nous passons une route et je demande où est le ravitaillement. « 900 mètres » m’indique un bénévole! J’en profite d’ailleurs pour remercier l’ensemble de l’équipe de bénévoles du Radicatrail, chaque route était protégée et nous étions en sécurité.

Kilomètre 52, je suis au ravitaillement, je bois, je bois et je bois! Je repars avec deux flasques pleines pour 8 kilomètres, enfin c’est ce que je pensais. Je suis seul, je vois Laurent s’envoler devant moi, je décide de contrôler. Le passage devant le panneau Lillebonne fait du bien au moral! Encore une bosse, je pose les mains sur les cuisses, je relance, je bois.

Je rattrape des concurrents du 34 km, je m’excuse, je passe à droite, à gauche… J’en profite pour aussi par ce récit pour m’excuser auprès de ceux que j’ai poussés pour passer… Mon envie d’arriver m’a rendu impatient.

Nous sommes dirigés sur le parcours du 34 km plutôt que de descendre directement à l’arrivée, une bosse et un détour de 1,5 km.

J’entends les tambours du parc des Aulnes, la voix du speaker, je suis deuxième et très content de cette place sans aucune amertume pour la victoire car je ne la tenais pas! Félicitations Laurent!  En discutant avec toi, j’ai bien compris que cette course te tenait à coeur et c’est avec plaisir que j’ai pu écouter les quelques mots que tu as échangés avec le speaker à l’arrivée. Ce sont ces émotions que j’aime!

Merci à Jean-Michel et ses bénévoles pour cette belle organisation. Une belle convivialité régnait au sein de la salle! 

 

Credit Photo : Richard Coupy – Trail-76 et Normandie course à pied