Récits de course

Le trail de la Roche d’Oëtre en Suisse Normande

Le RDV était fixé depuis depuis début juillet, dès que j’ai su que j’étais libre ce weekend-là. Cela faisait 5 ans que je n’avais pas pu remettre les pieds sur ce Trail que j’ai remporté plusieurs fois et que j’affectionne énormément !

Niché en plein coeur de la Suisse Normande, le site naturel de la Roche d’Oëtre est une petite merveille. Très conservée, cette région permet une immersion nature ! Un Trail en chemin creux, dans les bois, le long de son cour d’eau nommée la Rouvre, bref le mélange est parfait pour faire du Trail ! 

J’organisais un stand Compex sur ce weekend-là pour faire découvrir la marque et mes services aux sportifs de la région, car mon retour dans la région, après plusieurs années à vivre avec Flavie sur Rouen, est définitif. J’étais partagé le dimanche matin entre l’ouverture de mon stand et mon inscription à la course, -la distance phare pour moi étant le 30 kilomètres-. Jusqu’à une demi-heure avant le départ, j’étais indécis et c’est à ce moment que  j’ai pris le temps de regarder toutes les heures passées à m’entrainer pour retrouver ce niveau. Si j’étais indécis quelque part c’est que je ne voulais pas me confronter à mon niveau. Ce n’est pas simple d’avoir eu un bon niveau et d’accepter de revenir sur une course que l’on a déjà gagné en étant conscient que ça sera la guerre devant pendant environ 2H20. J’ai pris ce départ car je ne voulais pas à avoir à me regarder en ayant abandonné.

Décision prise, inscription de dernière minute, 2 Energy Power dans ma flask de 500 ml, échauffement rapide et direction la ligne pour partager ce trail avec les plus de 400 inscrits Je vois beaucoup de visages connus et c’est un grand plaisir de les croiser.

C’est parti, une première boucle pour étirer le peloton, l’allure est aux environs de 3’40 au kilo. C’est agréable comme allure pour se mettre en selle. La tête de course s’est rapidement dessinée et l’allure est restée constante jusqu’à l’entrée de la forêt et la descente. Je suis de plus en plus à l’aise dans la technique et je décide de partir devant pour avoir le champ de vision dégagé dans le chemin du bord de la Rouvre. On se suit au train gentiment, ça discute mais ça ne va pas durer!

L’allure se durcit une fois sortis de la forêt et ça relance à de bonnes allures, c’est la plus belles des sensations. Nous nous retrouvons à 4 devant et là ça ne rigole plus, ça ne parle plus, ça court !
Je craque sur des allures de 10000 en relance sauf qu’on a déjà 17 km dans les jambes. Je décide de lâcher un peu de terrain pour garder ma capacité à courir vite, je n’ai pas pris de sac et rien à manger donc il ne faut pas passer la limite car c’est sans retour !
Je regarde devant moi, 10 mètres, 100 mètres… me voila vraiment décroché suite à l’accélération de Félix. Je ne connais pas les deux autres mais Félix m’avait glissé à l’oreille que c’était deux solides et ils courent ensemble. Ce n’est pas grave, je me concentre sur moi et ma « performance » pour faire le job !
Je me rends compte que ce n’est pas loin devant, quelques minutes mais à cette allure c’est un gouffre. Du 20 ème au 26 ème kilomètre c’est une partie « roulante » et ce n’est pas à mon avantage. Je sais que les fameuses marches de la Roche d’Oëtre sont devant moi, peut-être que je vais réduire le trou mais je sais que ma place est faite.

Je retrouve ma sensation préférée, je suis fan d’entendre le speaker et d’être à l’agonie jusqu’au bout pour avoir la sensation du travail accompli. C’est après ça que je cours, et c’est ça que j’avais perdu.

Je suis très content de moi. Ça peut paraître fou mais, dans ma perte de repères, j’ai pris conscience de l’importance de mon mental. En finissant à la quatrième place, j’accomplis 4 mois de travail et je repars l’esprit léger. Comment aurais-je été si j’avais ouvert mon stand et si j’avais regardé les autres… Pas bien, j’imagine cette sensation en vous écrivant, je vous invite à comprendre ce que je vous partage et à le mettre en place dans votre quotidien en prenant le temps de vous observer pour être fier de vous et de vos choix.

Je vais maintenant continuer mon retour à mon plus haut niveau pour 2020 et renouer avec la sensation de lever les bras. 

Je remercie l’ensemble des organisateurs de ce trail qui pour moi sera un très grand évènement du sport dans la Suisse Normande.

Sportivement,

Victorien