Récits de course

Le Rad10cassant!

S’engager sur une telle distance en début de saison de trail n’est pas anodin. Après une reprise mi-janvier de l’entraînement par une préparation cross, puis trail court qui s’est soldé par une deuxième place à St Nicolas d’Aliermont, je savais que je ne pourrai pas être vraiment préparé pour un 110 kilomètres… Il a donc fallu jouer sur les acquis et mettre en place 2 WEC, avec des enchaînements trail/vélo. Deux bonnes sorties de 40 et 32 km avec Xavier et Pierre, les membres de la Team Biostore Normand, deux mecs vraiment super avec lesquels on partage la passion de l’effort et la rigueur de la préparation…

 

Le Rad10cassant!

 

Samedi 25 Avril,

3H00 : Après une courte nuit de 4h, debout! C’est toujours difficile de trouver le sommeil avant une épreuve mais je sais maintenant que c’est suffisant pour avoir la patate!

3H03 : La poêle pour les Pancakes est chaude! Et oui, maintenant c’est Pancake et purée de cacahuète le matin de la course avec mon petit Énergy Diet Bien-sûr!

4H00 : Ventre plein, sac prêt et le bonhomme à peu près habillé, en voiture Simone! C’est William, mon frère qui m’emmène et qui me fera l’assistance au point de ravitaillement. Une petite séance de Compex capillarisation dans la voiture histoire de bien finir le développement du réseau de capillaire enclenché 4 jours auparavant.

5H10 : Arrivée à la salle de Lillebonne, retrait du dossard, finalisation de la tenue.

J’ai choisi de faire les 50 premiers kilomètres avec mes Sense pour m’habituer doucement à ces petites bombes et aussi le textile X-Bionic dont je suis littéralement tombé amoureux! Je vous en parlerai dans un prochain post. Je retrouve plusieurs têtes connues dans la salle et notamment les Nicolas! Ils ont la patate! C’est ce que j’aime chez les Trailers, tout le monde sait pertinemment qu’il va en « chier » pendant plusieurs dizaines d’heures, chacun a son niveau mais l’ambiance avant la course est toujours extraordinaire et motivante pour celui qui se lance la première fois dans le grand bain des longues distances…

 

Le Rad10cassant!

 

6H05 : on prend le départ après les instructions de Jean Michel, une organisation minutieuse… Je n’ai absolument pas regardé si il y avait des coureurs qui joueraient la gagne, mon objectif sur la ligne de départ était 6’00’´ au kilomètre le plus longtemps possible…

6H10 : l’allure est trop élevée. Soit les mecs sont de véritables cadors, soit ils n’ont pas conscience du chantier qu’il y a derrière. Peu m’importe, 6’00’´ au kilomètre, on était légèrement en dessous mais juste de quoi absorber les quelques arrêts techniques!

Il y a une situation de Stephane Brogniart, un trailer Vosgien que je me ressasse très souvent en courant,  » Est-ce que cette vitesse là me permet d’aller jusqu’au bout à cette même allure là ». Cette phrase est importante car elle me permet de me recentrer sur mes capacités et ne pas lâcher bêtement de l’énergie au 35ème kilomètre alors que simplement un tiers du parcours est avalé…

7H00 : le jour commence à bien se lever, extinction de la frontale! Je suis bavard quand je cours sur un Ultra, je ne peux donc pas m’empêcher de demander aux autres de quelle région ils sont originaires, leurs objectifs… Donc quand je me retrouve avec des bavards comme moi c’est sympa!

7H45 : km 18 et premier ravito, je suis content j’ai bu mon litre d’eau. Je prends le temps d’échanger avec mon Frère et Pierre et de remplir mes flasks. Devant, ça va vite, déjà plus de 5 mn d’avance sur nous. C’est pas grave, on les reverra bien dans la journée…

Les kilomètres passent et je découvre cette région très boisée, de jolies forêts mais surtout un parcours semé de « coups de cul » et de longs faux plats…

9H00 je tiens vraiment à conserver mon allure et je n’oublie surtout pas que devant c’est déjà loin…

9H40 : j’arrive au deuxième ravitaillement, une fois encore j’ai sifflé mes deux flasks de 500 ml, je ne prends même pas le temps de manger un bout. Je remplis mes Flask et Go!

 

Le Rad10cassant!

 

En sortant de ce ravito, j’étais rassuré car les mecs devant commencaient à exploser, preuve sur la photo!

Bref, chacun sa course, je repars en courant espérant rapidement trouver une côte pour pouvoir m’alimenter.

Yes, un petit kilomètre plus loin je peux me mettre à marcher. Et oui car en Ultra un mètre de fait, c’est un mètre qui n’est plus à faire, donc je mange en marchant. Petites boules de soja salées au menu, avec une bonne gorgée d’eau plate! Après, en guise de dessert, une 9bar cacahuète, largement plus gustatif! Et on se remet à courir lentement pour ne pas frustrer la digestion…

 

Le Rad10cassant!

 

« Un Mars et ça repart », non pas vraiment. Dans le Mars, à l’exception des cacahuètes, il n’y a pas grand chose de bon! Moi je suis plus barre d’amandes pour une bonne recharge lipidique et protidique.

L’alimentation en course a toujours été mon point fort: quoi, à quel moment et surtout avec quoi… Ce n’est pas du hasard mais simplement de la chimie, et certains me diront qu’il n’y a pas de plaisir sur ce type d’alimentation. Alors c’est que vous n’avez jamais goûté de barres d’amandes ou de cacahuètes type 9bar, des abricots secs, du Gingembre confit…

11H05 : Me voilà arrivé au kilomètre 52, 5H00 de course tout juste, je suis dans le timing, à l’arrivée dans la zone de ravitaillement je retrouve William, Pierre et Martial qui me suivent depuis le départ. C’est génial, William est là pour mon assistance, Pierre et Martial pour celle d’un coureur de leur Team.

Dans un premier temps, je remplis à nouveau mes deux Flask, je refais un gel avec de L’hygraminov de chez Effinov et je refais le plein de barres de céréales dans mon sac. Je m’arrête le moins longtemps possible, je prends juste le temps de changer de chaussures. L´adaptation aux Sense est faite, je repasse sur les Pure Grit, pas plus de Drop mais un amorti plus important.

 

Le Rad10cassant!

 

11H10 : C’est reparti pour 19 kilomètres, c’est le moment de conserver les allures et les écarts… Je repars en marchant et en mangeant sur un petit kilomètre le temps de me retrouver avec deux autres coureurs pour mener la chasse. C’est l’occasion de discuter, d’échanger avec les autres, on est à mi-course. Devant il est à 10-12 minutes, les écarts sont stables. Je décide donc de rester avec les autres, l’important c’est le 6’00’´ au kilomètre.

J’ai passé deux heures vraiment super avec Benoît qui termine d’ailleurs troisième, on a vraiment bien baladé, tellement bien qu’on a repris 3 mn sur le premier sans forcer.

13H20 : Kilomètre 71! Les choses sérieuses vont pouvoir commencer, je remplis très rapidement mes Flask, je demande l’écart avec le premier à William, je marche et je mange! Des choses simples, mes essentiels à ce moment clé de la course. Le premier est reparti de plus belle et compte à nouveau 10 mn d’avance…

J’augmente l’allure, je reprends des 4’30’´ au kilomètre à plat, je relâche plus dans les descentes et je pousse sur les cuisses dans les nombreux « coups de cul » du parcours!

Au kilomètre 84, en sortant d’un chemin, j’aperçois une silhouette, je me prends à rêver et me dire que je suis déjà revenu sur le premier…

Ce n’était pas un rêve, c’est fait, je me dis « Le taff est fait, maintenant tu assures sans forcer ». Je prends vraiment mon temps pour revenir sur lui, je conserve le train. Pour moi, le trail est un sport où il faut être « fainéant ». Je m’explique: pour moi, il faut être économique et le rester, surtout en Ultra, car les excès de zèle se payent tôt ou tard…

Une fois revenu avec Charles, nous prenons quelques kilomètres pour discuter. Je trouve ces moments tellement agréables, on ne se connaît absolument pas, mais après plusieurs heures de solitude c’est très agréable de se changer les idées. Après il faut se remettre dans le contexte, je pense que c’est plus facile pour moi que pour lui, j’ai le bon rôle. Après quelques kilomètres, en maintenant l’allure on se distance naturellement…

15H00 : Dernier ravitaillement! Pas plus d’une minute sur place. Le temps de faire le plein et on répète le schéma, marcher, boire, manger! Un petit encouragement de Martial qui suit toujours la course. Ça me regonfle, ces encouragements, car on ne voit pas beaucoup de monde dans les bois Normands!

Sans oublier les passages dans les champs de colza en fleurs, magnifique!

Et je vois William toujours dans un petit coin où je ne l’attends pas pour m’encourager et me soutenir, c’est vraiment essentiel et ça me booste tellement! Je n’ai plus qu’une seule chose en tête: Gagner! Pour Flavie qui m’attend à l’arrivée, pour William qui m’a assisté tout au long de cette journée, pour mes deux sponsors présents à l’arrivée, Sébastien de RandoRunning Rouen et Laurent de BioStore Normand!

Mais je pense aussi à la suite, il faut terminer bien et ne pas en faire trop pour récupérer rapidement de cette Belle Balade!

Encore 5 kilomètres, je viens de recroiser William avec une bénévole qui m’annonce cette agréable nouvelle, mais il me dit aussi qu’il y a du mouvement derrière. Peu m’importe, j’ai largement le jus pour réagir au cas où!

Ça sent vraiment la fin, je trottine dans un magnifique petit single à flan de vallon au dessus de Lillebonne, je commence à entendre le bruit de la ville, ça sent bon!

Dernière descente, je sors des bois et je suis tout de suite remis dans le bain de la ville en traversant la zone industrielle, des feux rouges, du béton, des trottoirs… J’étais pas si mal dans la forêt!

Je rentre dans le parc des Aulnes, encore 300 mètres et je pourrai m’asseoir et savourer!

Victoire!

 

Le Rad10cassant!

 

Après 11H20 à balader, je rallie l’arrivée, mais Jean-Michel, l’organisateur m’indique que je suis deuxième!

C’est incompréhensible, impossible, inimaginable…

La photo vous laisse imaginer ma stupéfaction…

 

Le Rad10cassant!

C’est heureusement très rapidement rentré dans l’ordre grâce à la franchise de Hakim.

C’est aussi ça l’esprit du Trail!

 

Le Rad10cassant!

Un superbe podium, je suis vraiment content de voir Benoît en troisième place, nous avions vraiment bien échanger sur la stratégie à avoir pour finir dans de bonnes conditions, il a été fort!

Encore un grand merci à mon « Wiwi », je vais commencer à avoir du mal à me passer de toi sur les ravitaillements!

Merci à ma Chérie de soutenir ces heures d’entraînements prises sur les week-end, les vacances, les soirées…

Merci à Sebastien de RandoRunning Rouen qui est d’un soutien fondamental…

Merci à Laurent pour son aide et sa Spiruline de très grande qualité mais aussi merci d’avoir réuni une belle Team, une Team avec de belles valeurs et un esprit d’équipe qui porte ses fruits à l’entraînement…

Merci à l’ensemble des organisateurs du Radicatrail de nous proposer une organisation d’une qualité irreprochable. Un beau parcours normand qui paraît « simple » sur le papier mais qui se révèle piquant à souhait ! Je conseille vivement ce défi haut-normand!

Merci à Mr Richard Coupy, à l’équipe Normandie course à pied et à Pierre pour la qualité de vos clichés qui permettent d’illustrer ces quelques lignes.

Maintenant place à la préparation pour les 80 km du Mont Blanc!

Top 30? 😛

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